Achille Mbembe et l’Université camerounaise. Portée d’une oeuvre par-delà ses visages janusiens

Résumé

Achille Mbembe est actuellement l’un des intellectuels féconds et puissants de notre époque. Son armature notionelle et conceptuelle vibre avec en phase les vicissitudes de la période contemporaine, illustrées à cors et à cris par les effets anxiogènes de la crise planétaire. Son oeuvre bénéficie d’un pendant interdisciplinaire, enrichie d’une interaction forte avec les membres influents de notre temps, que ce soient les intellectuels, les politiques et les membres de la société civile. Cet horizon senghorien, voire sartrien qu’il emprunte par cette approche reflexiviste des axes pluriels du réel paraît moins une génération spontannée quand on sait que son oeuvre sort tout droit des fonts baptismaux du milieu socio-politique camerounais enkylosté par les tares et les avatares de la colonie et de la postcolonie ainsi que d’un héritage diversifié reçu des têtes fortes de l’Université camerounaise. Toutefois, au regard de la perception des universitaires camerounais, il en ressort les deux visages de Janus. C’est dire que ses paires ont su revellé sa part d’ombre et de lumière, en constituant des camps antagonistes formés de ses contempteurs et négateurs. Néanmoins, au-delà de cette diatribe, le corps épistémique de la pensée d’Achille Mbembe cultive la scientificité et l’interdisciplinarité d’une part et d’autre part, favorise l’ « en-commun », une force de gravité du vivre ensemble pour la jeunesse camerounaise.